Creative Talk … Tardieu Art

J’aime la couleur. La couleur partout et avant tout. Mais je sais aussi apprécier la beauté minimaliste du noir & blanc. Perso, je suis incapable de voir la vie en noir & blanc. Vous ne me verrez jamais habillée ainsi, je ne photographie qu’en couleurs et jamais je n’ai dessiné au trait sans y ajouter du rose, du jaune, du vert ou du bleu ! Je suis donc toujours assez bluffée quand je découvre un artiste qui manie la non couleur avec talent.

Tardieu fait parti de ces artistes. Derrière ce nom se cache une personne simple qui aime la vie au naturel et préfère gommer son prénom pour laisser parler son travail. Ceux qui savent, savent et pour les autres, c’est Tardieu, tout simplement. À l’occasion de sa nouvelle exposition, à L’Étiquette à Hossegor, j’ai eu envie d’en savoir plus.

J’ai eu envie d’en savoir plus et au lieu de continuer ma série « les jolis dessins des … », j’ai eu envie d’instaurer un nouveau rendez-vous. Ce matin, sur l’Instagram de Sessun, j’ai lu « Créative Talk ». Je sais c’est de l’anglais mais ce titre résumait à la perfection cet échange avec Tardieu et tous les autres que j’ai à nouveau envie de mettre en place ici. Alors merci Sessun pour l’idée et en avant pour un premier Creative Talk !

Bonjour Tardieu !  Pour ceux ici qui ne te connaissent pas encore, quel est ton parcours pour arriver aujourd’hui à cette jolie expo ?

J’ai toujours aimé dessiner quand j’étais petite. Ma maman nous amenait vers la créativité. Pas de télé, pas de jeux vidéos, pas d’informatique. Cela nous a permis de développer une certaine imagination. Ensuite j’ai fait des études de stylisme modélisme, toujours dans une vision créative mais j’ai réalisé que les débouchés seraient faibles car je ne sortais pas d’une grande école parisienne.

Découragée par plusieurs stages qui ne m’ont pas apporté ce dont j’avais envie, j’ai commencé à travailler en restauration et j’ai arrêter de dessiner pendant des années. Je suis ensuite arrivée à Hossegor où j’ai commencé à travailler à l’Étiquette. Venant des côtes du Rhône, j’avais une sensibilité au vin et Nicolas m’a donné de plus en plus de responsabilité y compris celle de décorer les vitrines qui ne l’étaient alors pas. J’ai eu carte blanche et c’est ainsi que j’ai recommencé à dessiner.

Pendant le confinement j’ai appris à me servir d’Illustrator et cela m’a définitivement remis le pied à l’étrier. J’ai fini par arrêter de travailler à l’Étiquette pour me concentrer sur ce qui me plaisait vraiment, être créative. J’ai fait une formation de graphiste en accéléré sur une année et j’ai obtenu mon diplôme en graphisme multimédia. Au delà d’un hobby, c’est devenu une véritable reconversion professionnelle. Dessiner, créer des choses et aujourd’hui m’intéresser à énormément de techniques.

Peux-tu me parler de ton rapport au vin, très présent dans tes oeuvres ?

J’ai passé quatre ans à observer les gens et leurs infinité de possibilités émotionnelles. Des femmes qui chantent du Céline Dion, une bouteille à la main à 23h, typiquement c’est une vision qui m’inspire. Une grande tablée qui partagent des plats, boit du vin, rigole, m’a inspirée de redessiner la cène de Léonard de Vinci version moderne. Donc oui il y a énormément de choses qui m’ont inspirée lorsque je travaillais à l’Étiquette et c’est pour cela que j’ai commencé à dessiner des gens qui boivent du vin ! Mais surtout quand j’étais petite, je voyais mes parents et mes grand-parents à table et c’était toujours de bons moments. Des moments de partage. Et avec pleins d’émotions différentes. Tu peux avoir quelqu’un de fermé et à la fin du repas, cette même personne devient totalement ouverte, elle rigole. C’est cela que j’aime, le vin rend les choses festives et apporte un sourire, une expression peut-être plus marquée que les expressions du quotidien.

Tu viens des côtes du Rhône mais tu as choisi de vivre ici à la plage. En quoi cela influence-t-il ton travail ?

J’adore cette région. Je suis venue ici complètement par hasard et je serais peut-être repartie si je n’avais pas travaillé à l’Étiquette. J’aime la tranquillité qui règne ici. On peut aller à l’océan entre midi et deux quand on travaille, on peut aller faire une balade en forêt le soir, les lumières sont belles et douces. Les gens dans la rue sont beaux, bien habillés, il y a de beaux magasins … Tout cet environnement est beau et bon pour moi. C’est une belle qualité de vie. Je n’aime pas la ville. Dans les côtes du Rhône, je vivais dans un village de 300 habitants alors ici, j’ai trouvé l’entre deux !

Quelles sont aujourd’hui tes principales sources d’inspirations ? Hormis le vin donc !

Picasso m’inspire. Jean Cocteau aussi. J’ai beaucoup d’artistes qui m’inspirent. L’Étiquette m’inspire encore même si je n’y travaille plus. J’ai toujours des souvenirs de scènes, de choses qui m’ont fait rire, qui m’ont émue. Mais aujourd’hui, ce qui m’inspire le plus c’est une feuille blanche et un crayon dans la main. Le trait va glisser tout seul. je vais gommer, je vais refaire, je vais regommer mais je ne pars pas d’une idée précise. Je ne commence pas en me disant je vais dessiner quelque chose de précis. Pas du tout. Je ne sais pas ce que je veux dessiner et si à la fin j’arrive à quelque chose qui me plait je le garde sinon je le mets dans ma pile de brouillons … qui est immense !

Avec cette expo, tu explores plusieurs modes d’expression. Le dessin, la poterie, les planches de surf, les tapis en tufting … Comment cela s’est-il passé ?

Cela a surtout été des rencontres. Les planches de surf, quand je suis arrivée ici il y a 7 ans, je me suis un peu remise à dessiner et je disais à mes proches  «  j’aimerais décorer des planches de surf. J’aimerais que ce soit mon métier ». Et au final je me suis rendu compte que mes envies était beaucoup plus vastes mais cette année, quand je préparais l’expo, j’ai contacté The Farm, qui est une référence ici dans le surf, car j’avais vraiment envie de faire des planches avec eux.

Les poteries, c’est un ami qui m’a offert un cours il y a trois ans et de fil en aiguille j’ai continué en prenant d’autres cours dans d’autres ateliers et j’ai rencontré Bettina de Bettina Céramique avec laquelle j’ai pris un ou deux cours. Je voulais dessiner sur des assiettes mais pour moi, pour un projet perso. Et quand les assiettes sont sorties du four, elle m’a dit qu’il fallait qu’on fasse une collab ensemble car cela rendait super bien. C’est venu tout seul.

Et cet été j’ai rencontré Punchy Panache, une fille adorable très créative comme moi et qui aime toucher à tout et qui fait des tapis en tufting. Trois semaines avant l’expo, je lui ai proposé de faire un tapis ensemble et banco !

Donc voilà, c’est surtout parti de rencontres. J’ai fait aussi le prototype de pochettes qu’une couturière m’a ensuite assemblées car je manquais de temps. Tout est parti d’une toile achetée pour faire un tableau. J’ai peint mon dessin et hélas j’ai coupé la toile trop petite pour le tableau. Ne voulant pas la jeter, j’ai eu l’idée d’en faire une pochette que j’ai adorée. La voyant sur moi, les gens m’ont encouragé à en faire d’autres et voilà ! Cela résume aussi mon envie de dessiner et peindre sur plusieurs supports.

Pendant le Covid, j’ai touché un peu à tout et depuis deux ans je me suis mise au tricot, au crochet, à la linogravure, à la broderie, je me remets à la couture … Tout ça plus la peinture et la poterie j’ai désormais un atelier à la maison, au grand désespoir de ma colocataire qui n‘a plus de place dans la salon. Mais tu peux venir un mercredi après-midi, tu ne t’ennuieras pas !

Tu as choisi le parti pris du noir & blanc. Pourquoi ?

J’aime le noir ! Je trouve cela élégant et surtout je ne sais pas travailler la couleur et je ne l’aime pas forcément sur mes dessins. J’aime énormément d’œuvres d’art colorées, j’aime m’habiller avec des pièces colorées mais c’est souvent deux couleurs au maximum. Et pour ce qui est du noir & blanc, je trouve cela vraiment impactant de loin d’avoir un dessin noir sur un fond blanc. Des fois il n’en faut pas plus. J’ai essayer de faire des tableaux avec de la couleur. J’y viendrai, c’est quasiment sûr. Comme tout artiste, je serai amenée à évoluer, à changer, à essayer des choses mais pour l’instant mon évolution se borne au doré en incorporant des feuilles d’or dans une série de tableaux !

Quels sont tes projets ou envies pour demain ?

Je n’en sais rien du tout ! Je verrai cela deux mois avant la prochaine expo ! J’en ai une de prévue au CIVB à Bordeaux (nb: Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux) . Ils m’ont contactée pour exposer cet hiver dans leur bar à vin qui a une architecture magnifique. Donc là clairement ce sera une expo basée sur l’univers du vin que je vais continuer à explorer. C’est vraiment ma patte. Le sourcil, l’œil qui sort et le vin. Si il n’y a pas de vin, c’est beau mais je préfère avec !

Pour mon expo actuelle, j’ai aussi fait une série d’été car tout le monde n’a pas envie d’avoir une oeuvre d’art avec du pinard au mur. Et au fur et à mesure de mes inspirations, je réalise de nouvelles collections. J’ai donc créé une petite série dorée, une autre série « Gros plans sur les Landes » avec des formes en gros plan qui donnent des tableaux plus épurés. J’expérimente sans savoir où je veux aller. Mais je veux vivre de mes mains, ça c’est sûr !

Tes tips de locale maintenant que tu vis ici depuis plusieurs années, des endroits que tu aimes, tes bonnes adresses ?

Chez moi ! Et l’Étiquette ! Je ne vais nul part ailleurs. Désolé les gars ! J’aime revenir ici car je sais ce que je bois, comment je serai servie, ce que j’aurai dans l’assiette et que ce sera des moments conviviaux et sans prétention. Mais je sors très peu. Après avoir passé quatre années à travailler à servir des gens tous les soirs, j’aime être chez moi, tranquille. J’ai peu d’amis mais ce sont des gens sur lesquels je peux compter et je préfère rester en petit comité plutôt que d’être mondaine. Mes spots préférés restent donc chez moi, l’Étiquette et la nature. La plage, la forêt dont je profite grâce à mon vélo Gorille !

Merci Tardieu !

Pour en savoir plus @tardieu.art

L’expo de Tardieu sera à nouveau visible à partir du 14/09 prochain à la réouverture de l’Étiquette et l’artiste sera là pour vous accueillir en personne la soirée du Vendredi 15 Septembre afin de vous présenter son travail.