Creative Talk … Virginie Lapègue-Lafaye FEEKA

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Direction Anglet aujourd’hui pour fêter l’été avec un nouveau creative talk plus qu’ensoleillé. Depuis quelques temps déjà, j’avais envie d’en savoir plus sur Feeka, la jolie marque de bijoux et d’accessoires basée à Anglet. Rendez-vous pris avec Virginie, sa co-créatrice, pour découvrir son univers, sa toute nouvelle collection de prêt-à-porter et parler de l’Inde qu’elle aime tant !

Bonjour Virginie ! Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu me parler de toi, de ton parcours et de ta marque s’il te plait ?!

Je suis originaire du Gers où j’ai grandi puis je suis partie à Paris pour faire mes études. J’ai commencé par une prépa HEC suivie d’une école de commerce. Je rêvais d’être nez, c’est pour cela que j’avais choisi une voie scientifique. Mais j’aimais déjà aussi beaucoup la mode et j’ai fini par m’orienter vers le commercial pour vendre des collections dans des showrooms. J’ai travaillé pour Corinne Cobson entre autre, puis j’ai eu envie d’aller plus loin et de m’orienter vers le produit.

À cette époque-là, je ne m’imaginais pas créer moi-même des collections mais plutôt avoir un rôle de chef d’orchestre au service du créatif. 

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J’ai donc intégré l’IFM pour me former, ce qui m’a ensuite ouvert plein de portes dont celle d’Agnès B qui m’a recrutée. J’ai démarré comme coordinatrice de collection et j’ai énormément appris à ses côtés tous les jours. La vision des couleurs, la façon de voir l’art dans la mode. Cela a été une expérience incroyable mais deux enfants plus tard, on a décidé, avec Jérôme mon mari, de revenir vivre dans le sud-ouest.

Ne trouvant pas de travail, j’ai décidé de monter des boutiques. Jérôme travaillait chez Esprit à l’époque donc on a ouvert une première boutique à Hossegor. Ensuite ce fut une boutique Sandro puis des multimarques et en 2008 j’avais sept boutiques !

Puis la crise est arrivée. Aux États-Unis on dit que c’est important de bien vivre ses échecs, et ces difficultés m’ont amenée à trouver des solutions, à devenir un véritable couteau suisse.

C’est ensuite que tu as eu l’idée de Feeka ?

Oui ! En 2019 avec Vanessa Sanchez, la créatrice de la marque Des Petits Hauts que j’ai rencontré alors que nous étions encore étudiantes, nous avons décidé de créer Feeka ensemble. Sans imaginer que le Covid allait débarquer six mois plus tard ! L’idée était de créer une marque à part entière d’accessoires, indépendante des Petits Hauts avec mes bureaux ici au Pays Basque.

Puis le Covid est arrivé, ce qui a bien évidemment été une étape très difficile avec juste six mois d’existence au compteur. Mais le fait d’être associée au groupe m’a permis de tenir le coup et j’ai pu, petit à petit, créer mon ADN de marque malgré le stress de la situation. 

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Une première collab Feeka x Les Petits Hauts m’a vraiment permis de démarrer grâce à une distribution de 115 boutiques mais aujourd’hui nos deux lignes sont très distinctes. C’est le savoir-faire de Feeka en collaboration avec leurs thèmes, leurs envies et leurs couleurs mais indépendamment de mes propres collections.

Feeka a maintenant deux boutiques en nom propre, une à Limoges et l’autre à Lyon et un réseaux de boutiques multimarques, en France et en Europe, qui vendent la marque. Et désormais on développe aussi une collection de prêt-à-porter. C’est tout nouveau, on a démarré sur la saison SS24, actuellement en boutique.

Tu es très liée à l’Inde où tu fabriques tes collections. Peux-tu me raconter ta rencontre avec ce pays ?

Fika veut dire « prendre un moment pour soi » en suédois. Mais j’ai choisi de l’écrire Feeka et, phonétiquement, cela veut aussi dire « sans sucre » en hindi. C’est mon clin d’œil à L’Inde qui est mon pays de cœur où je vais depuis plus de vingt ans. C’est grâce à Agnès B que j’ai découvert ce pays suite à un programme pour permettre aux femmes de garder leurs enfants et broder chez elles. C’est ainsi que j’ai rencontré l’Inde, ou c’est elle qui m’a rencontrée, je ne sais pas !

Mais j’ai toujours la même émotion quand j’arrive là-bas, je ne peux pas l’expliquer. Au fil des années, j’ai rencontré plein d’ateliers avec des savoir-faire différents.

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C’est l’Inde qui t’a donné envie de créer des bijoux et aujourd’hui des vêtements ?

Oui ! Y être allée si souvent, voir les possibilités … Au départ je m’interdisais de faire du prêt-à-porter car je considérais cela comme compliqué. L’accessoire me paraissait plus rafraîchissant. Puis au fil des rencontres avec des usines et des ateliers, j’ai eu envie d’aller plus loin. Je dis toujours que derrière chaque produit Feeka, il y a une vraie personne. Rien n’est mécanisé. Les artisans travaillent avec passion et un réel savoir-faire. Je ne vais pas non plus en Inde juste pour chercher un prix, c’est important pour moi de le dire. Tout n’y est pas évident. Certaines matières premières sont compliquées à trouver là-bas. Les cuirs, les boucles en métal …

Mais ce que j’aime aussi c’est faire se rencontrer le savoir-faire indien et nos goûts occidentaux pour créer des choses nouvelles et arriver à avoir un vrai échange et construire des choses ensemble.

A quel rythme vas-tu en Inde ?

Tous les six mois. J’y reste à chaque fois entre quinze jours et un mois selon ce que j’ai prévu de faire. J’essaie toujours d’explorer de nouveaux endroits pour m’inspirer et aussi rencontrer de nouvelles personnes. C’est tellement immense et il y a tellement de régions où ils font des choses différentes. De la peinture, de la broderie … Je vais principalement au Rajasthan mais je fais faire mes écharpes dans le nord de l’Inde. Je connais moins le sud. Beaucoup de choses se font à Jaipur ou Udaipur. Les bijoux, le coton, le blockprint. Mais il faut toujours être sur place pour faire soi-même ses propres couleurs et c’est ce que j’aime. Que ce soit pour mes imprimés, pour la résine de mes bijoux …

Arrives-tu à y créer des collections éco-responsables ?

Oui, les artisans sont très conscients de cela. Au début de Feeka, j’ai rencontré à Jaipur la personne qui a monté la première usine « green » qui retraite toutes ses eaux. C’est une industrie hélas très polluante entre les teintures, les bains d’or pour les bijoux … Aujourd’hui la plupart de nos usines sont engagées écologiquement et c’est un véritable enjeu dont ils ont conscience. Les villes sont plus propres qu’il y a vingt ans, beaucoup de choses ont été mises en place. C’est un pays immense, ils sont très nombreux mais c’est un vrai sujet et on essaie au maximum d’avoir des ateliers certifiés.

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Peux-tu me parler de tes collections, des matières que tu utilises ?

Je travaille tous les types de bijoux et de matières. J’utilise du laiton doré à l’or fin 14 carats 1 micron. Le carat c’est la couleur de l’or et le micron correspond à la couche d’or. Je le protège ensuite avec un vernis afin qu’il vieillisse mieux et dure plus longtemps. Mais quoi qu’il en soit, il est déconseillé de se baigner avec ses bijoux car cela réduit toujours leur durée de vie. 

J’utilise aussi de la résine peinte à la main, des résines transparentes qui offrent des coloris pastels, du raphia teint selon mes couleurs, du bois, du papier mâché peint à main levée selon une tradition du Rajasthan … Des perles, tressées, rebrodées … Et bien évidemment aussi des pierres semi-précieuses et des perles d’eau douce, montées sur fils ou sur chaînes. Je me suis aussi inspirée des porte-bonheurs indiens pour créer le mien mais en version mini. Je suis partie d’une bague de thérapie, avec laquelle jouer quand on est stressé car elle appuie sur des méridiens, qui m’a inspirée tout un thème Therapy sur lequel j’ai fait graver le mot LOVE.

J’ai toujours aussi des serpents dans mes collections. C’est un animal très présent en Inde, avec ses charmeurs de serpents notamment. Cette saison je l’ai imaginé en métal martelé.

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Tu fais aussi désormais des vêtements. Peux-tu me parler de ta première collection ?

J’ai démarré sur la saison SS24 en développant des carreaux et des rayures avec mes propres couleurs. J’utilise du fil teint et tissé pour des tissus très longs à réaliser mais au toucher très doux. Selon les fils utilisés, l’épaisseur du tissu et la main sont différentes. L’idée est de garder le côté artisanal en tissant et mixant des tissus exclusifs à mélanger entre eux. 

Je dessine aussi mes propres motifs avec les artisans. J’en ai un, par exemple, qui est inspiré d’un tapis ancien et décliné en deux colorations différentes. Je fais aussi du matelassé, des broderies … J’ai d’ailleurs envie d’en faire de plus en plus car c’est vraiment l’un de leurs savoir-faire. 

On construit des choses ensemble avec les artisans, ils font des essais, c’est toujours un échange. J’aime aussi utiliser la gaze de coton et le khadi qui est un coton plus épais popularisé par le Mahatma Gandhi. Et je travaille également avec des graphistes pour imaginer des foutas et des carrés imprimés puis avec des céramistes pour scénographier mes shootings et présenter mes produits.

Je suis très attentive à mes shootings, j’adore ça ! Et une fois par an, on fait un film, souvent sur la collection d’été, pour raconter encore plus notre univers.

Tes projets, tes envies pour le futur ?

Tout est possible avec L’Inde ! J’adorerais explorer l’univers de la maison par exemple. Je ne sais pas si un jour je serai assez solide pour cela. La marque n’a que cinq ans et on a déjà fait tellement de choses ! Cet été, je pense qu’on a environ 400 références déjà en collection entre les bijoux, les accessoires et les vêtements, sachant que les bijoux représentent 70% de mes collections. Mais oui j’ai envie de progresser, de continuer à faire grandir la marque et le concept et developper un véritable lifestyle Feeka.

J’ai commencé à faire des vêtements pour mes shootings d’accessoires et aujourd’hui je fais quelques coussins aussi pour mes shootings donc pourquoi pas aller plus loin ! Pour l’été prochain, j’ai d’ailleurs développé un modèle de pyjama. À porter de nuit ou de jour. Donc oui j’ai encore plein de possibilités et d’envies. J’ai récemment visité un atelier qui produit pour Anthropologie et forcément, cela me donne plein d’idées. Pour du homewear, de la déco … 

Mais je préfère d’abord renforcer ma structure avant d’aller trop vite. Même si j’ai la chance d’avoir le groupe derrière moi avec un showroom à Paris et une équipe commerciale qui me soutient ! 

Merci Virginie et à très vite pour la suite !

Pour plus d’infos

Instagram https://www.instagram.com/feeka.accessoires/

Le site https://www.feeka-accessoires.com/