J’ai découvert Roxane Thiery et sa marque Thiane sur les réseaux sociaux. Elle habite à Biarritz et j’ai eu envie de la rencontrer pour qu’elle nous parle de sa nouvelle aventure, à la fois éco-responsable et humaine.
Roxane a travailllé pendant des années pour d’autres comme styliste. Bash, Officine Générale … Elle a aussi co-fondé en 2007 la marque Roseanna mais en 2017, elle a décidé de continuer son chemin toute seule. Depuis des années, elle était témoin du gâchis, dans le milieu de la mode, des échantillonnages de matières. Chaque saison, les fabricants de tissus et de maille, envoient aux maisons leurs échantillons de matières déclinées dans différentes gammes de couleurs afin que les stylistes en choisissent pour créer leurs collections. Mais ensuite, tous ces robracks de tissus, comme on les appelle dans le milieu, ne servent plus à rien et saison après saison, le gaspillage s’intensifiait. Roxane a eu alors envie, pour upcycler ces échantillons et chutes de tissus, de créer Thiane, une collection de pièces uniques en patchwork de matières abandonnées.
Bonjour Roxane ! Nous sommes ensemble pour parler de ton nouveau projet Thiane. Comment en est née l’idée ?
Thiane est un projet récent qui me trotte dans la tête depuis quelques années ! L’e-shop a vu le jour en Septembre 2022 mais cela faisait déjà un an et demi ou deux que je travaillais sur ce projet, que j’avais déjà récupéré des stocks de tissus auprès de différentes marques. Au départ je voulais faire du linge de maison car j’étais lassée de la mode après tant d’années à y travailler. Mais mes essais, torchons, nappes, coussins, ne me faisaient pas rêver et c’est finalement un patchwork des années 70 signé Yves Saint-Laurent qui m’a provoqué le déclic ! J’ai alors réalisé que c’était toujours la mode qui me faisait vibrer et je pense que j’ai eu besoin de ce cheminement pour mûrir mon idée.
J’ai quitté l’aventure Roseanna en 2017 mais je me souviens que quand nous préparions les collections, nous partions de trois ou quatre grosses valises de robracks de tissus et qu’à l’issue de nos choix, nous n’en gardions que la valeur de une ou deux boites à chaussures. Tout le reste finissait la majeure partie du temps à la poubelle. Donc je voulais remonter une marque de mode mais je ne voulais pas refaire la même chose. Ensuite le confinement m’a encouragée à penser différemment, à tous les niveaux, alimentation, mode de vie, vêtements … Je ne voulais donc pas relancer une marque qui viendrait un peu plus encore polluer la planète. Plusieurs marques travaillaient déjà avec des dead stocks ou stocks dormants. D’où mon idée de partir directement des robracks et d’en faire quelque chose de nouveau.
Où sources-tu ces fameux robracks ?
J’ai travaillé chez Bash avec qui j’ai gardé d’excellentes relations. C’est mon fournisseur numéro un ! Officine Générale aussi m’envoie des choses ainsi que des showroom textiles. J’ai aussi travaillé avec des agents de tissus qui fournissent des maisons comme Isabel Marant, Dries Van Noten, Vanessa Bruno, Celine …
Peux-tu nous parler de Roseanna ? Tu étais l’une des fondatrices de la marque ?
Oui ! J’étais le Rose de Roseanna. On a créé la marque en 2007 alors que j’étais encore chez Bash. On a commencé par du maillot de bain puis nous avons étoffé la gamme pour créer un vestiaire complet. C’était une belle expérience et une très belle aventure que j’ai quitté en 2017 pour rejoindre Officine Générale.
Tu habites aujourd‘hui à Biarritz. Pourquoi ce choix ?!
J’ai toujours rêvé vivre près de le mer ! Petite je passais mes vacances en Bretagne chez mes grand-parents et je ne voulais jamais rentrer. Quand j’ai voulu quitter Paris, j’ai hésité avec Le Touquet où j’ai de la famille puis finalement mon choix s’est posé sur Biarritz après des vacances d’été ici. Toutes les étoiles se sont alignées et l’univers m’a envoyé un message, c’était là et maintenant !!! Cela fait un peu plus de trois ans que je me suis installée et je m’y sens bien car la vie est hyper douce ici.
Cette nouvelle vie a aussi participé à mon envie de réduire mon vestiaire et à la vision que j’avais pour Thiane.
D’où vient le nom Thiane et comment se sont passé les débuts de la marque ?
J’ai mis longtemps à trouver ce nom et c’est une amie qui m’y a aidée ! Le THI vient de mon nom de famille, Thiery et le ANE vient de Roxane. Il se trouve que c’est aussi un prénom d’origine grecque qui a la même étymologie que le prénom de ma fille qui s’appelle Théodora. Et voilà, c’était trouvé !
Pour les collections, j’ai commencé par chercher comment créer mes patchworks. J’ai beaucoup tâtonné. J’ai galéré ensuite pour trouver des ateliers ici dans le sud-ouest car le référencement des façonniers est compliqué. J’ai finalement trouvé une couturière dans les Landes avec qui je travaille depuis peu. C’est elle qui me monte les vestes, toutes des pièces uniques donc. Idéalement, j’aimerais vraiment conserver une fabrication locale.
Ta collection est constituée d’une pièce forte, une veste cardigan que tu déclines selon tes patchworks. As-tu plusieurs modèles ?
J’ai plusieurs modèles. J’ai cette veste mais aussi une veste worker qui est mixte. Et également des pochettes, des dragonnes, porte-clefs mais je reste concentrée sur la veste car c’est ce que les clientes viennent chercher chez moi, des belles pièces de prêt-à-porter.
Ce qui ne m’empêche pas de travailler sur d’autres idées ! J’ai fait le proto d’une jupe portefeuille, j’ai aussi un pantalon de prêt, cet été j’ai sorti un short en patchwork. C’est fonction des tissus que je reçois et du hasard des métrages qu’il peut y avoir. J’ai aussi développé des chemises, des gilets sans manches … Mon produit phare restera la veste mais à terme j’aimerais vraiment développer d’autres formes, des tee-shirts, des sweat-shirts patchés, des sacs …
Qu’est-ce qui t’inspire une nouvelle série ?
Le tissu ! C’est toujours la surprise quand je déballe les cartons de matière première que je reçois.
Je les trie selon la taille, les couleurs … Je garde mes crush de côté et ils m’inspirent mes prochaines créations.
Comment as-tu envie de développer la marque ?
Depuis cet été, j’ai quelques boutiques multi-marques qui vendent Thiane. Je suis vendue chez Coppélia à Avignon qui m’a immédiatement commandé des vestes, à l’aveugle, puisque chaque pièce est unique. Il peut y avoir des similitudes de par les couleurs mais cela ne sera jamais les mêmes tissus. J’ai aussi montré mes vestes à Marie Gas de By Marie, que je connaissais bien depuis Roseanna, et idem elle m’a passé commande. Je suis aussi vendue chez chez Miaow à Biarritz et chez Cabane Bambou à Ramatuelle.
J’aimerais beaucoup évoluer vers un système de petites séries en pré-commandes mais je dépends tellement de ce que je reçois comme tissus que cela reste compliqué. Et mes clientes aiment l’idée d’avoir une veste unique !
Puisque nous sommes à Biarritz, quelles sont tes adresses favorites dans le coin ?
Les endroits que j’aime bien sont Miaow, évidemment, qui vend mes vestes et aussi la boutique Open Me et Hélène sa propriétaire qui m’a acheté un pull lors du dernier Quartier Moderne.
Pour prendre un café, j’aime bien le Lobita Café et aussi Volt à Anglet. Côté resto, avec ma fille j’aime beaucoup La Paillote Bleue, Hungry Belly … J’adore aussi la boutique Belsa Surf-shop avec les photos de Cécilia et l’école de surf Shining Surf School. J’ai commencé à apprendre à surfer avec elle et je rêve d’y retourner car cela me manque. Le surf me fait du bien, il me nettoie la tête !
As-tu une journée type ici à Biarritz ?
Je dépose ma fille à l’école et ensuite je vais faire une marche matinale sur la plage pour m’oxygéner si la météo le permet, surtout si la journée promet d’être chargée. Je travaille avec une stagiaire donc j’aurais facilement tendance à rentrer direct bosser. Ensuite je passe la matinée à travailler puis pause déj et je m’y remets. Trie des tissus, protos, photos, site internet … Je récupère ensuite ma fille et je lui consacre la fin de ma journée.
Tu fais le Quartier Moderne. Te sens-tu proche d’autres créateurs locaux ?
J’adore les assiettes chinées et customisées de So’izu . J’aime aussi beaucoup la boutique de seconde main Ainsi de Suite à Bayonne, ouverte par une ancienne de Officine Générale. Et surtout aussi les mosaïques de Katia qui a réalisé mon logo !
Et sinon j’adorerais faire une collab chaussures avec des espadrilles patchées ! J’ai l’idée en tête depuis longtemps mais je n’ai pas encore eu le temps de m’y atteler. Je cherche d’ailleurs le partenaire idéal !
Suite au prochain épisode ! Merci Roxane !!!
Site web : https://thiane.fr/ et Instagram @thiane.fr
Thiane sera présent au prochain salon Quartier Moderne, les 8, 9 et 10 Décembre prochains à Anglet. Courez- y !!!
Quel bel article qui résume parfaitement le parcours professionnel de roxane et qui nous fait partager quelques instants de sa vie et de son travail évidemment.
Bonne idée roxane d ajouter des espadrilles à la collection
Merci !!!